Les archives de spectacle, source historique et matériau de création sur la scène baroque contemporaine. Réflexions sur les recréations d’Atys de Lully et Quinault
par Caroline Mounier-Vehier (THALIM, CNRS/ENS)
Dans les années qui suivent la Seconde guerre mondiale, le mouvement du renouveau baroque marque un tournant dans l’interprétation des œuvres musicales et scéniques de l’époque moderne sur les scènes occidentales. C’est le début des pratiques dites historiquement informées, qui invitent à renouveler l’interprétation des œuvres du passé en tenant compte de leur contexte historique de création. La production d’Atys de Lully et Quinault (1676), créée à Florence en 1986 par l’ensemble Les Arts Florissants, reprise l’année suivante en France, puis en 1989, en 1991-1992 et enfin en 2011 à l’Opéra Comique, est un cas intéressant à plus d’un titre pour étudier l’apport des archives à la compréhension des processus de création. Il s’agit en premier lieu de confronter deux types de travail sur les archives de spectacle. Le premier est le travail scientifique que mènent les historiens du spectacle, qui s’efforcent de mieux connaître le contexte de production et de mieux comprendre les processus de création à l’époque de la création d’une œuvre. Le second est l’étude, peut-être plus empirique, que mène une équipe artistique dans une démarche de création qui se nourrit et s’inspire de documents historiques. L’enjeu n’est pas ici d’établir une hiérarchie, mais de prendre en compte deux approches différentes pour mieux identifier leurs spécificités respectives et mieux comprendre le geste de création contemporain qui est celui du renouveau baroque.