Skip to main content

Projet – Alain Schaffner – Les écritures à contraintes

By 8 avril 2024projet 2020

Les écritures à contrainte en Europe : production, traduction, interprétation

Porteur du projet :
Alain SCHAFFNER (UMR THALIM)

La rencontre des mathématiciens et des écrivains dans l’Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo), créé en 1960 par François Le Lionnais et Raymond Queneau, a donné lieu à des recherches formelles et popularisé la notion d’écriture sous contraintes. Des auteurs importants ont construit leur oeuvre pour une part dans ce cadre : Queneau, Perec, Roubaud pour la France. Le succès de ce petit groupe est finalement devenu planétaire, la cooptation d’écrivains étrangers jouant son rôle (Italo Calvino pour l’Italie, Oskar Pastior pour l’Allemagne, Pablo Martin Sanchez pour l’Espagne, Ian Monk pour l’Angleterre, et si l’on élargit la perspective, Harry Mathews et Daniel Levin Becker pour les États-Unis). Des Oulipos nationaux se sont constitués en Europe, comme l’Oplepo en Italie. Chaque pays s’est donc approprié, par un jeu de transferts culturels, à la fois des contraintes et des oeuvres.
La production des oeuvres oulipiennes résulte ainsi parfois de contraintes élaborées dans d’autres pays et dans d’autres contextes culturels. Elle peut aussi résulter d’algorithmes de production ou de procédures destinées à fabriquer mécaniquement ou informatiquement du texte.
Des problèmes particuliers se posent aussi autour de la question de la traduction des textes à contraintes : si on traduit un texte, on perd la contrante, et si on respecte la contrainte, le texte obtenu est parfois complètement différent du texte d’origine.
Enfin, la question de l’interprétation du texte pose d’épineux problèmes, en particulier si la contrainte n’est pas clairement exposée dans un cahier des charges. Beaucoup de questions de  théorie littéraire sont ainsi posées à nouveaux frais à partir de la fréquentation des littératures à contraintes et de l’analyse de leur circulation d’une culture à l’autre : l’auteur et ses « intentions », la lecture, le jeu, le genre littéraire, les liens entre tradition et innovation, etc. Ces questions peuvent aussi s’élargir à une réflexion sur la question des oeuvres à contraintes (picturales, musicales ou autres) et de la circulation entre les arts.
Une action innovante de recherche-formation sur les littératures à contraintes en Europe, animée par des chercheurs, des écrivains et des traducteurs permettrait de sensibiliser les étudiants de PSL à la fois à des questions de théorie littéraire et à l’analyse d’un objet original des transferts culturels.

 

Menu Général