Les sources italiennes de l’humanisme pénal (XVIIIe-XXe siècle)
Porteur du projet :
Pierre MUSITELLI (ITEM)
Le projet d’enseignement et de recherche ici présenté porte sur la genèse du droit pénal moderne et la naissance du langage universaliste des droits de l’homme, en Italie, à partir de la décennie 1760. La parution des Délits et des peines de Cesare Beccaria (1764) met soudain à la portée d’un large lectorat une matière auparavant confidentielle, apannage des juristes et des criminalistes: le droit pénal. Ce dernier, affranchi du latin, devient l’affaire de tous et, au premier chef, des écrivains.
Les différents volets de ce projet examineront des textes et manuscrits où sont remis en cause deux des piliers de la justice pénale d’Ancien régime : la torture (procédure de production de preuves objectives) et l’échafaud (la mort comme rétribution de la faute, dans le cadre d’une équivalence entre délit et péché).
Sur la base d’enquêtes dans les archives milanaises concernant trois auteurs (Beccaria, Verri, Manzoni), d’un colloque international qui amorcera une réflexion en commun sur la question des origines intellectuelle de l’abolitionnisme italien et, enfin, d’un enseignement de Master consacré aux filiations génétiques entre un compte rendu de procès du XVIIe s., un plaidoyer contre la torture de Pietro Verri et Les Fiancés, le grand roman d’Alessandro Manzoni (lui-même petit-fils de Beccaria), nous poursuivrons un double objectif : questionner, dans un contexte européen, les racines de la sensibilité abolitionniste italienne dont les témoignages écrits sont la fois précoces et singuliers ; porter un éclairage le plus complet possible sur les circulations et les transformations complexes qui ont conduit en Italie la science juridique à devenir un objet littéraire.