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Translater

By 19 octobre 2022Médiévie

Translater

par Emma Cavell

 

“I came to think of translating as a room, not
exactly an unknown room, where one gropes for
the light switch. I guess it never ends.”

Anne Carson, Nox

La traduction est l’un des lieux importants de l’affinité qu’a la culture médiévale avec la modernité. La translation au Moyen Âge signifie une réorganisation textuelle, un mouvement entre plusieurs textes qui peut inclure l’acte de traduire tel que nous le comprenons aujourd’hui. Dans la mouvance des manuscrits médiévaux, le texte se modifie sous la plume des auteurs, autrices, copistes et enlumineurs. La traduction médiévale peut ainsi être conçue dans sa dimension collective comme le produit d’un travail de communautés, d’ateliers, de lectrices et de lecteurs au fil des siècles. C’est ce qui fait la force de la traduction au Moyen-Âge : traduit, copié, glosé, commenté, performé, le texte renaît dans chaque mouvement de réécriture et de performance pour faire œuvre nouvelle.

Cette acceptation de la translation nous invite à remettre en cause l’idée du texte dans sa fixité écrite afin de se rendre compte de sa pluralité et sa mobilité. Barbara Cassin le souligne dans l’Éloge de la Traduction (2016), traduire consiste à abandonner l’idée d’unité en faveur de la multiplicité pour voir la traduction comme fécondation et répétition permanente de l’œuvre. Les traductions médiévales témoignent de cette capacité constante qu’a la littérature de s’actualiser. Si la traduction implique un processus de transformation et de recréation qui fait vivre un texte toujours en expansion, les travaux présentés ici revendiquent la translation telle qu’elle se présente au Moyen Âge. En associant pratique et théorie, ces travaux cherchent à sortir des œuvres de l’ombre dans le but de délier les voix et déplier les textes.

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