Anca DAN
Spécialiste de l’histoire des représentations des espaces et des peuples (autrement dit de « géographie », « cartographie » et « ethnographie »), chargée de recherche au CNRS dans l’UMR AOrOc (où elle co-dirige l’axe « Langues, territoires, identités »), Anca DAN est professeure attachée au département des Sciences de l’Antiquité de l’ENS et à l’EUR Translitterae. Elle est éditrice, traductrice et commentatrice des textes et des cartes en grec et en latin, dont elle se sert pour reconstituer les paysages anciens, et pour révéler les transferts culturels (synchroniques et diachroniques) à l’œuvre dans la fabrique de ces paysages et de leurs représentations. Elle coordonne et participe à des projets archéologiques et géoarchéologiques qui montrent l’impact humain sur l’environnement, sur les bords de la Méditerranée et de la mer Noire.
Anca DAN essaie de définir le phénomène culturel gréco-romain, en lien avec l’environnement et avec les cultures voisines (iraniennes, judaïques, turques). Qu’est-ce qu’être Hellène, Grec, Macédonien ou Romain ? Dans quelle langue, sous quelles formes artistiques reconnaît-on l’hellénisme ? Y a-t-il un paysage « grec » que les Grecs qui ont façonné la Méditerranée ont porté dans leurs esprits, quand ils ont choisi leurs ports, les champs et les cultures agricoles ou viticoles, leurs routes, la forme de leurs villes et la position de leurs monuments caractéristiques – comme les théâtres, les temples, l’agora ? Pourquoi les autres se sont-ils laissés séduire par les produits gréco-romains, et pourquoi ont-ils adopté l’art anthropomorphique et les canons esthétiques de l’hellénisme ? Dans le monde postcolonial et globalisé d’aujourd’hui, avons-nous toujours raison de considérer l’hellénisme comme source de notre culture occidentale ?
Pour tenter de répondre à ces questions, dans des études de cas spécifiques, Anca DAN a collaboré aussi bien avec des chercheurs littéraires (cognitivistes, philologues-historiens-archéologues spécialistes d’autres cultures antiques, de l’Iran ou de la Chine) qu’avec des scientifiques (géologues, géophysiciens, géomorphologues ou encore paléobiologues, palynologues, virologues, généticiens). Avec le soutien de Translitterae, elle emploie les résultats de ces recherches interdisciplinaires dans une réflexion autour des « Transferts des paysages » et des « Humanités dans le textes ».
Anca DAN vient de publier, en collaboration, les livres hellénistiques des Antiquités juives de Flavius Josèphe. Elle prépare actuellement des éditions critiques d’historiens et géographes grecs et latins (comme Strabon, Pline l’Ancien, Arrien ou Denys de Byzance, pour les Belles Lettres et pour Brill – Fragmente der Griechischen Historiker). Dans ses commentaires, elle met en avant les traditions littéraires, issues de transferts entre les différentes cultures orales et écrites de l’Antiquité.
Elle rédige des synthèses de géographie historique et d’histoire de la géographie et de l’ethnographie sur des régions où elle organise ou a participé à des chantiers de fouilles (en Russie, Roumanie, Turquie, Grèce, Italie). Actuellement, elle est à la tête d’une mission française d’archéologie et géoarchéologie dans le delta de l’Hèbre, entre la Turquie et la Grèce (sur les sites antiques d’Ainos et Doriskos-Traianopolis, sur la Via Egnatia, au nord de la mer Égée), soutenue par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, l’École française d’Athènes et le CNRS.
Elle est également auteur et co-auteur d’une série d’études sur l’hellénisme en Asie Centrale, au bord de ces voies de transferts ouest-est et nord-sud que l’on appelle à tort ou à raison la « Route de la Soie ». Pour faire connaître la dynamique de ces études internationales et interdisciplinaires autour des concepts historiographiques de grande actualité, elle édite chaque année une « Chronique Concepts et Antiquités ».
Au Département des Sciences de l’Antiquité de l’ENS, Anca DAN organise des séminaires de recherche, avec des invités spécialistes de géoarchéologie et de littérature géographique (en collaboration avec Mandana Covindassamy). Avec Pierre Briole, elle amène chaque année les étudiants de l’ENS sur l’Etna. À partir de janvier 2023, elle y enseignera le grec hellénistique et impérial (des recensions du Roman d’Alexandre, comparées à d’autres versions antiques) et les méthodes de recherche actuelles en Sciences de l’Antiquité.