Autour du Monasticon Gallicanum : représenter l’architecture religieuse au XVIIe siècle
par Pierre-Marie SALLE (Translitteræ/BnF)
Le Monasticon Gallicanum est un projet éditorial de la congrégation de Saint-Maur à la fin du XVIIe siècle. Il était destiné à présenter l’histoire des monastères médiévaux agrégés à cette congrégation, avec une notice et une vue cavalière pour chaque établissement. Malgré l’inachèvement du projet en 1694, 145 monastères avaient déjà fait l’objet d’une illustration gravée. Ces vues marquent l’engouement d’alors pour la représentation de grands ensembles d’architecture religieuse. L’exposition actuelle sur les vues de chartreuses à Grenoble (Chartreuses. Dans le silence et la solitude) en témoigne et montre l’intérêt de la recherche actuelle pour ce phénomène. La volonté de mettre en images la réforme accomplie au sein des anciens ordres monastiques au XVIIe siècle y rencontre l’émergence de la pratique moderne de l’histoire et l’intérêt pour la représentation architecturale.
Dans le prolongement du projet de recherche et de valorisation mené sur les estampes du Monasticon Gallicanum dans le cadre du partenariat entre Translitterae et la BnF, cette journée d’études souhaite interroger la constitution de ces grandes séries iconographiques. Il s’agit d’étudier les modèles donnés par l’érudition ecclésiastique et laïque du début du siècle, à travers des démarches aussi diverses que l’illustration d’une province ecclésiastique (Chorographia Sacra Brabantiae), des oeuvres d’un architecte jésuite itinérant (Etienne Martellange), ou du regard rétrospectif porté sur un patrimoine en voie de disparition (Monasticon Anglicanum). On comparera également le Monasticon Gallicanum avec les ensembles préparés par d’autres ordres religieux, comme les Génovéfains (recueil des Estampes, BnF), par des érudits laïques (Roger de Gaignières) ou encore avec les plans-reliefs réalisées pour le roi. Cette mise en contexte permettra d’approfondir les spécificités de l’ouvrage mauriste, de son approche historique, de ses choix de représentation, de sa postérité et de la valeur documentaire qu’il présente pour la connaissance du patrimoine aujourd’hui.
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