Balzac et les voies de la critique
par Thomas CONRAD (République des Savoirs, ENS) et
Bernard GENDREL (GEB, LIS, Université Paris Est-Créteil)
Balzac, figure fondatrice du roman moderne. Mais quel Balzac ? S’il est vrai que le lecteur constitue le texte, c’est toute une série hétéroclite de visages qu’ont dessinée deux cents ans de dialogues entre les œuvres de Balzac et leurs lecteurs. Frayant des voies toujours différentes, la critique, l’histoire littéraire, la théorie du roman, redonnent sans cesse forme et sens aux textes pour la légitimer ou la contester, la comparer et l’évaluer, la contextualiser dans son époque ou l’actualiser dans la nôtre, et, en définitive, lui donner une place dans notre conscience littéraire.
L’œuvre de Balzac se prête particulièrement à ces constructions critiques plurielles. Tour à tour biographique, historique, marxiste, psychanalytique, formaliste, génétique, féministe, la critique balzacienne a déjoué les prétentions de Balzac à l’unité et à la cohérence de son œuvre.
Dans une perspective méta-critique, ce projet – soutenu par Translitteræ, le laboratoire Lettres Idées Savoirs et le Groupe d’Études balzaciennes – entend examiner comment les textes balzaciens se prêtent ou résistent à leurs appropriations critiques, pour mesurer la pluralité du texte balzacien, mais aussi sa cohérence et sa résistance aux discours qui prétendent en livrer la clef.
Parmi ces voies de la critique, nos axes de recherche mettront au premier plan :
- les critiques qui ont créé chacun « leur » Balzac, depuis 1850 jusqu’à 2022 : Sainte-Beuve, Taine, Caro, Alain, Curtius, Béguin, Lukàcs, Richard, Rancière, etc.
- les disciplines et approches critiques et leurs procédures spécifiques de création, d’évaluation et d’interprétation des textes (travail philologique et éditorial, génétique des textes, stylistique, ethnocritique, critique féministe, etc.)
- les notions et concepts des études littéraires – narrateur, réalisme, intertexte, personnage… – mis à l’épreuve de l’analyse de La Comédie humaine.