Victor Hugo et la patrimonialisation des manuscrits littéraires
par Jean-Marc Hovasse (Sorbonne Université) & Thomas Cazentre (BnF)
En conservant la quasi-intégralité de ses manuscrits et en les léguant à la Bibliothèque nationale, Victor Hugo accomplissait un changement radical de paradigme : les brouillons et papiers d’écrivains cessaient d’être considérés comme des résidus négligeables ou des curiosités pour collectionneurs, pour devenir un patrimoine ayant vocation à être conservé, transmis et mis à la disposition du public. Cette démarche allait être suivie par d’autres auteurs, et le caractère patrimonial des archives littéraires s’est aujourd’hui imposé comme une évidence. Reconsidérer aujourd’hui ce corpus fondateur que sont les manuscrits de Victor Hugo, c’est s’interroger sur les enjeux de cette patrimonialisation : textes de référence pour toute édition présente ou à venir, terrain de recherches toujours renouvelées, trésor national sacralisé, numérisé, exposé, à mi-chemin de la bibliothèque et du musée… les archives hugoliennes sont tout cela, et peut-être un peu plus.