Recomposer l’atelier de l’écrivain à partir de son archive : Jean-Jacques Rousseau
par Nathalie Ferrand (ITEM, CNRS/ENS)
A elles seules les archives de Jean-Jacques Rousseau pourraient, si elles étaient moins dispersées, constituer un petit musée des pratiques autographiques de l’écrit au siècle des Lumières, tant ses papiers sont nombreux et remarquablement divers dans leurs formes et fonctions. De son vivant, Rousseau les a pensées comme archives, puisqu’il les a classées et en a organisé la conservation future grâce à plusieurs dépositaires attentivement choisis. Dès la fin du XVIIIe siècle, en France et en Suisse, des démarches patrimoniales se sont enclenchées pour réaliser ce vœu. A travers ce dépôt qui nous a été intentionnellement transmis, il est possible recomposer l’atelier d’un auteur si soucieux de la genèse de ses œuvres : c’est-à-dire d’animer l’archive en saisissant l’écrivain au travail, dans ses actes et ses gestes, pour remettre en mouvement une écriture originale dans son temps et une pensée philosophique du devenir.