De l’œuvre de Jean-Georges Kastner au fonds Kastner-Boursault : les enjeux d’une reconstitution ou l’archive au défi de l’oubli
par Sarah Hassid (Université Paris I)
Né à Strasbourg en 1810 et mort à Paris en 1867, Jean-Georges Kastner se pose en véritable artisan de l’imaginaire musical de son temps par son approche transdisciplinaire et anthropologique. Compositeur, critique, théoricien et historien de la musique, il est notamment l’auteur du premier traité d’instrumentation (publié en 1837, avant les travaux de Berlioz) et d’un ensemble de « livres-partitions » qui questionnent de manière originale les relations complexes et fécondes entre la musique et les effets sonores en tout genre, les pratiques sociales et culturelles, les recherches scientifiques, les mythes et légendes, et la culture visuelle. Célébré de son vivant, Kastner est rapidement tombé dans l’oubli au lendemain de sa mort, de même que son épouse Léonie, également musicienne, avec laquelle il n’a cessé de collaborer. Entamé à l’automne 2020, le travail sur les archives des époux Kastner, puis l’identification et la reconstitution du fonds Kastner-Boursault offrent les conditions d’une redécouverte de ces deux acteurs importants du paysage musical au XIXe siècle. Il invite parallèlement à une réflexion méthodologique sur les formes diverses de l’archive et sur les enjeux – notamment génétiques – liés à l’inventaire et au classement d’un fonds dispersé. Cette enquête sur les papiers Kastner permet également de comprendre les raisons plurielles d’un oubli et d’en éclairer le sens historique, historiographique et épistémologique.