13 mai 2022
Traduction dans la traduction – Une perspective comparative à la fin de la dynastie des Ming et à la fin de la dynastie des Qing
在翻译中翻译——晚明与晚清的一种比较视角
À la fin du XVIe siècle et à la fin du XIXe siècle, la Chine et le monde occidental ont connu deux grands processus d' »apprentissage de l’Occident en Orient ».
Au cours de ces deux périodes d' »apprentissage occidental », les principaux acteurs ont été les missionnaires occidentaux résidant en Chine et les lettrés ou érudits locaux, ainsi que des scribes notant l’usage et l’art populaires.
Le mode pratique était commun, consistant en un mode interprétation-traduction, au cours duquel les deux équipes (Occidentaux et Chinois) travaillaient ensemble. On suppose habituellement que ce mode de fonctionnement impliquait que le missionnaire (ou le Jésuite) choisissait les documents à traduire et était leader, du fait même qu’il connaissait bien le monde et les religions occidentaux, alors que son équipier chinois était plutôt un assistant passif qui notait par écrit le discours oral du missionnaire.
La situation réelle est en fait beaucoup plus complexe. Rien qu’à la fin de la dynastie Qing, les missionnaires protestants en Chine n’ont pas effectué leur choix de manière unilatérale. Avec les scribes locaux qui collaboraient avec eux, ils ont manifestement dû prendre en compte et « s’accommoder » des besoins locaux des autochtones dans leur choix de traductions des études occidentales. Cela a été le cas en ce qui concerne les religions, notamment sur les problèmes terminologiques ou plus précisément sur la « controverse liturgique », qui ont été l’objet de vives réactions et de rectifications des élites chinoises.
Cela a été aussi le cas pour la sélection des langues des traductions. Comment traduire le « savoir occidental » de la fin de la dynastie des Qing ? Dans la langue classique littéraire, dans une langue toujours écrite mais plus vernaculaire, dans la langue officielle basée sur les dialectes du nord, ou dans des dialectes ? Toutes ces questions représentent un défi, direct ou indirect, pour mieux appréhender les » études occidentales » au cours des trois siècles.
Le récit historique de l’ « expansion orientale du savoir occidental » initiée, promue et conduite par les Jésuites ou les missionnaires protestants en Chine, nous conduit à penser qu’il y a eu un processus translinguistique et transculturel de « gradualisation orientale »qui remet en question le modèle dit de « stimulus-réponse » des processus historiques et culturels.
Si le mode interprétation-traduction a été le principal mode de traduction pendant les trois siècles de « l’apprentissage occidental en Orient », les deux composantes du processus ont en fait entretenu entre elles une relation d’unité, aussi bien dans la phase d’ « interprétation » que dans la phase d’ « écriture ». Les acteurs du processus n’en ont pas moins gardé une certaine indépendance et autonomie.
Cette autonomie a été particulièrement évidente au début du contact entre la Chine et l’Occident et pendant la période d' »harmonie » entre les deux parties. Et elle n’a pas ensuite disparu.
Le fait historique est que ce modèle d’interprétation-traduction, qui a été dominant pendant trois siècles, a pris fin avec l’unification des deux acteurs et l’apparition d’une traduction moderne dans laquelle les deux composantes d’interprétation et de traduction ont été réalisés par une seule et même personne, remplaçant ainsi complètement le modèle précédent.
Cette traduction moderne a aussi amorcé l’ « occidentalisation » de la traduction, qui est maintenant complétement dominée et dirigée par des traducteurs autochtones et des forces locales.
Note biographique
Duan Huaicheng est professeur de chinois à l’université Fudan de Shanghai et chercheur invité à Harvard-Yenching. Ses recherches portent principalement sur la littérature chinoise moderne et contemporaine, sur la littérature comparée et sur la sinologie internationale.
Il s’est particulièrement intéressé à l' »occidentalisation » et à la transformation de la langue et de la littérature chinoises modernes, au conservatisme dans la littérature moderne, à la tradition historique chinoise et à la littérature biographique et narrative moderne.
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16世纪末与19世纪末,三百年间中国与西方世界之间经历了两次较大规模的“西学东渐”。 两次“西学东渐”的主导者,均为来华传教士与本土士大夫或民间文士,而常见的实践方式,则为由双方合作、共同完成的口译——笔述式翻译模式。习惯上认为,在口译——笔述式翻译模式中,作为口译者的来华传教士(或耶稣会士)在西学、西教以及语言方面均处于主导地位,而承担笔述工作的本土译者,则处于辅助与被动地位。
而实际情况却要比上述认识复杂得多。仅就晚清新教来华传教士与本土文士协作推动的“西学东渐”而言,新教传教士们在西学的翻译选择方面,显然不得不考虑甚至“迁就”本土的需要,而不是由传教士单方面或一厢情愿地完成;在西教的翻译方面——尤其是“礼仪之争”与“术语问题”方面——同样遭遇到来自于本土立场与力量的反动;甚至在语文的选择方面,晚清“西学东渐”也不得不呈现出“深文理”“浅文理”“方言”及“北方官话”的多层级形态。所有这些,无疑均直接或间接地调挑战了三百年间两次“西学东渐”的历史叙述,即“西学东渐”是由来华耶稣会士或新教传教士单方面发起、推动并主导的跨语际、跨文化的知识传播史,同时也挑战了所谓“刺激——反应”的历史与文化发生的叙事模式。如果说口译——笔述式翻译模式是这三百年间“西学东渐”的主要翻译模式,其实无论是在“口译”阶段抑或“笔述”阶段,两者既是一种合作与统一的关系、过程及形态,同时两者又分别具有一定的独立性与自主性。而且,这种独立性与自主性,在中西接触的初期甚至之后一个时期,表现得尤为明显,甚至在双方合作的“和谐”期,这种独立性与自主性也并没有消失。历史的事实是,这种口译——笔述式翻译模式,最终为二者的合一为终结,即本土产生了由一人独立完成口译——笔述这两种行为或两个过程的现代翻译,从而完全取代了过去三百年间最为主要的口译——笔述式翻译模式,也开启了彻底由本土译者与力量所主导、推动的“西学东渐”。
个人简介
段怀清:复旦大学中文系教授、哈佛-燕京访问学者。主要研究中国近现代文学、比较文学及国际汉学;关注“西学东渐”与中国近现代语言文学变革、现代文学中的保守主义思想、中国史传传统与现代传记文学及传叙文学等。
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