Edoardo CAGNAN
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Edoardo Cagnan est docteur en langue et littérature françaises de l’Université McGill et de Sorbonne Université. En 2022, sous la direction de Jacques Dürrenmatt et de Mbaye Diouf, il a soutenu une thèse intitulée « Styles de positionnement : Léopold Sédar Senghor et Ousmane Sembène au tournant de l’indépendance (1956-1966) ». À travers l’examen de ces deux auteurs sénégalais, il a proposé une approche relative et contextuelle du style, perçu comme un phénomène de différenciation. Ses recherches portent sur les littératures francophones (Afrique subsaharienne, Caraïbe, France et Québec) des XXe et XXIe siècles, ainsi que sur des corpus non littéraires, qu’il aborde avec les outils de la stylistique, de l’analyse du discours et de la génétique. Depuis 2023, il est coresponsable, avec Claire Riffard, de l’équipe « Manuscrits francophones » de l’ITEM (ENS-CNRS). Avant de rejoindre Translitteræ et la BnF, il a enseigné à Sorbonne Université, à l’Université McGill et à l’Université de Bergame.
Projet : Genèse de Léopold Sédar Senghor
Le projet « Genèse de Léopold Sédar Senghor » s’inscrit dans les travaux collectifs du groupe de recherche international L. S. Senghor (ITEM/Université Cheikh Anta Diop de Dakar) et est co-encadré par l’EUR Translitteræ et la BnF. Mobilisant les approches génétiques développées à l’ITEM, le projet entend saisir le processus d’écriture du poète-président à partir du fonds de manuscrits et tapuscrits littéraires conservé au Département des manuscrits de la BnF. Loin de se limiter à ce fonds, ce projet a l’ambition de le faire dialoguer avec d’autres archives, à la fois dispersées (en France, au Sénégal et dans le monde) et disparates (correspondances, articles de presse, discours politiques…), afin de mettre au jour une image complexe de Senghor, un polygraphe dont la production et la réception sont transdisciplinaires et transnationales. La relation que ce projet entend tisser entre les différentes archives et les différentes facettes de Senghor ne permet pas seulement de penser la genèse des textes, mais aussi, plus largement, la genèse de cette figure auctoriale qui a occupé une place majeure dans l’espace culturel et politique francophone en même temps qu’il a contribué à le façonner, d’un point de vue tant intellectuel qu’institutionnel.
Grâce au soutien de Translitteræ et de la BnF, ce projet constitue la première phase de travaux collectifs de longue haleine. Au-delà de dynamiser la recherche sur Senghor par le biais de séminaires, journées d’étude et publication, nous souhaitons centraliser et valoriser à l’aide du numérique le savoir conservé dans les différentes archives : à cet effet, nous avons ouvert sur la plateforme e-Man le site Archives Léopold Sédar Senghor, qui sera nourri progressivement avec la description des différents fonds afin de faciliter le travail des chercheuses et des chercheurs. De plus, nous préparons collectivement une nouvelle édition scientifique de l’œuvre de Senghor qui souhaite rendre compte de sa polygraphie, de sa réception transnationale et de l’actualité de la recherche.
À propos du fragment :
Il s’agit de la première page du premier numéro de Condition humaine, journal fondé par Senghor en 1948, peu de temps avant de quitter la SFIO pour rejoindre, à l’Assemblée nationale, le groupe des indépendants d’outre-mer et de fonder, au Sénégal, son propre parti, le BDS. Numérisé par la BnF et disponible sur Gallica dans la limite imposée par le respect des droits d’auteur, ce journal permet de découvrir de nombreux textes inédits de Senghor, mais aussi une écriture étroitement liée à l’actualité et aux contingences politiques sénégalaises. Organe de presse de son parti, Condition humaine est, par ailleurs, représentatif de la manière dont Senghor a parfois construit les supports de son écriture.