Espace, métaphore et traduction
par Laure SARDA
Ce projet est conçu sous la forme d’un séminaire mensuel (24h au total). Le thème du séminaire porte sur l’étude de l’expression linguistique des relations spatiales dans le domaine concret et dans le domaine abstrait. La notion d’espace peut faire référence à des réalités différentes (espace perceptif, espace mental, espace spatio-temporel à quatre dimensions, espace notionnel, espace discursif, espace du texte etc.). Pour naviguer dans cette pluralité d’espaces, il semble que toutes les langues disposent d’outils de repérage ou de localisation, qui partagent un certain nombre de propriétés.
L’enjeu premier sera de repérer ces outils de localisation (marqueurs de relations statiques et dynamiques) et d’observer leurs usages afin de revisiter la thèse localiste selon laquelle : « Les expressions spatiales sont plus fondamentales au plan linguistique […] car elles servent de modèle structurel aux autres expressions » (Lyons,1980 : 338). Cette primauté donnée au spatial repose sur l’idée que l’espace est au cœur de la connaissance humaine. On s’interrogera sur la nature de ces marqueurs de localisation :
Les mêmes items (vers, de, en haut, passer, monter, etc.) sont-ils employés dans différents domaines ? Les emplois concrets sont-ils premiers, comme l’affirme la thèse localiste ? Si l’on suppose un usage concret premier, quels sont les mécanismes qui aboutissent aux usages non concrets. S’agit-il de polysémie, de glissement de sens, de désémantisation, de grammaticalisation, de métaphore ? Doit-on sortir du localisme ? Existe-t-il un niveau de caractérisation des relations de repérage qui ne s’ancre pas dans l’espace concret ?
Pour répondre à ces questions, nous explorerons comment les relations spatiales sont exprimées à travers la diversité des langues et si les glissements observés dans une langue entre emplois concret et abstrait se retrouvent à l’identique dans d’autres langues. Ceci nous permettra d’évaluer la nature universelle ou spécifique de ces transferts. Nous travaillerons sur des textes littéraires et leur traduction à partir de corpus dits « parallèles ».
Le séminaire mensuel est validable (6 ECTS). Il sera ouvert aux étudiants du DENS et du master Humanités, mention Littératures : théorie, histoire. Après deux séances introductives spécialement dédiées aux étudiants, nous alternerons des séances de compte rendu de lecture, de présentation de travaux, de séminaires invités et des séances de travail sur des données de corpus en privilégiant la diversité et la comparaison des langues. Un colloque viendra clore cet échange, les 21-22 mai 2024.
© Suzy Hazelwood, Peinture d’ombre bleue (Pexels)