Ethnographier les rites de vie à Paris
Architecture et emblèmes vivants
par Marie LECOMTE-TILOUINE (LAS, EHESS)
Partout dans le monde, les ethnologues ont documenté la diversité des rites inventés par les sociétés humaines pour interagir avec divers agents non humains réputés exercer un pouvoir sur des processus tels que la croissance, la reproduction, la santé. Notre projet vise à ethnographier la diversité de ces « rites de vie » réalisés par des communautés religieuses et culturelles coexistant à Paris et dans ses alentours.
Deux angles d’analyse sont privilégiés. Le premier porte sur l’inscription spatiale des rites dans le territoire urbain, afin de comprendre comment ils s’articulent avec des infrastructures (rues, canaux, parcs, etc.) et des éléments d’architecture, plus ou moins éphémères (édifices religieux, autels, chars, etc.). Le second s’intéresse à la place occupée par la présence du vivant (humains, animaux, végétaux, etc.) et sa représentation ; sans oublier de documenter comment la vie, entendue comme un pouvoir général, est représentée à l’aide de symboles.
Outre les cérémonies des principales religions pratiquées en France (catholicisme, islam, judaïsme, protestantisme), les enquêtes collectives porteront sur des événements collectifs tels que le nouvel an chinois dans le 13e arrondissement, les cérémonies hindoues en hommage à Ganesh dans le 18e, les rites iraniens de Norouz, les cérémonies bouddhiques dans la Pagode du Bois de Vincennes, la célébration de la Fête des morts dans des communautés latino-américaines, la célébration du hanami sous les cerisiers du parc de Seaux. Cette liste est loin d’être exhaustive : un des objectifs du projet est d’initier un premier recensement de ces rites en relation avec les sites où ils se déroulent.
Cette investigation interdisciplinaire repose sur une mise en commun des recherches menées par deux équipes du Laboratoire d’anthropologie sociale, l’équipe « Anthropologie de la vie » (P. Pitrou) et l’équipe « Archives du Nouvel An à Paris » (S. D’Onofrio & M. Lecomte-Tilouine). De manière inédite, en collaboration avec Isabelle Chesneau, elle vise à initier un dialogue avec les architectes de l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais du laboratoire « Architecture, Culture et Société » (ACS) et du Laboratoire Infrastructure, Architecture, Territoire (LIAT).