Génétique des traductions
Porteurs du projet :
Daniel FERRER & Patrick HERSANT (ITEM)
Ce projet vise à établir, au plan scientifique aussi bien que pédagogique, une nouvelle sousdiscipline des études de traduction. La génétique des traductions, fruit des noces tardives mais fructueuses de la traductologie et de la génétique des textes, se donne pour principal objet d’étude les manuscrits de traduction ; elle constitue un champ d’études émergeant que notre projet se propose à la fois d’étayer (en lui donnant une assise théorique) et de développer (en multipliant les corpus, les études de cas et les collaborations internationales).
La génétique des traductions permet de saisir plus finement le processus traductif, ce grand oublié des études de traduction littéraire. Certes, bien des traducteurs ont commenté leur pratique, mais, si leurs écrits et entretiens peuvent nous éclairer, ils ne sauraient suffire. D’abord, les traducteurs risquent de pécher par manque de sincérité, de lucidité, d’objectivité ; ensuite, les exemples précis qu’il leur arrive d’analyser sont par nature ponctuels et sélectifs ; enfin, ils s’en tiennent le plus souvent à des impressions remémorées, sans souci des traces matérielles — ratures, ajours, repentirs, palettes lexicales, signes de collaboration — qu’a pu laisser leur travail. En conséquence, les conditions réelles dans lesquelles une traduction prend forme n’ont guère été étudiées à ce jour : l’atelier du traducteur reste encore, à bien des égards, un mystère.
Les études de traduction « classiques » reposent en grande partie sur la comparaison d’un original et de sa traduction (texte source / texte cible). Entre ces deux textes, la génétique des traductions propose d’insérer un troisième objet, qu’elle estime essentiel et dont elle fait le pari qu’il éclairera aussi bien le premier que le second : le dossier génétique de la traduction. Les divers éléments qui le composent seront organisés autour de trois axes principaux, qui seront développés conjointement et constitueront au fil des ans le thème de trois colloques : les manuscrits des traducteurs ; la correspondance des traducteurs ; les écrits de traducteurs.
Manuscrit de la traduction d’Anabase de Saint-John Perse par T. S. Eliot, 1929 © Fondation Saint-John Perse