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La construction du roman, entre ébauche et finition : Zola

By 17 septembre 2021mars 13th, 20242021, Colloques & Journées d'études

La construction du roman, entre ébauche et finition : Zola

Jeudi 18 & Vendredi 19 novembre 2021
ITEM-CNRS, site Pouchet
(59 rue Pouchet, 75017 Paris)

Organisateurs :
Olivier Lumbroso (Sorbonne Nouvelle)
Jean-Sébastien Macke (ITEM-CNRS)
Jean-Michel Pottier (Reims – Champagne Ardenne)

Fruit d’une écriture « à programme » fondée sur des « documents préparatoires », la fabrication du roman, chez Zola, a souvent été considérée, par la critique d’époque, comme une écriture « à tiroirs » (Ferdinand Brunetière) ou saluée, inversement, comme une écriture « au compas », digne d’un ingénieur (Paul Alexis). Ce colloque souhaite revenir sur ces images de l’écrivain au travail.

Pour ce faire, la génétique des textes et la narratologie offrent des perspectives éclairantes, qui donnent la primauté aux traces matérielles et au processus dynamique de l’écriture plutôt qu’à la vision d’une méthode mécaniste, figée par l’histoire littéraire traditionnelle et qui rabat les principes de la doctrine naturaliste sur la création en acte. Des dossiers préparatoires des Rougon-Macquart, avec l’Ébauche et les Plans détaillés notamment, jusqu’aux placards corrigés, se laisse découvrir le périple d’une écriture, depuis ses phases exploratoires et sinueuses de scénarisation jusqu’à ses ultimes réglages de finition pré-éditoriales. Ces traces et tracées de l’œuvre à l’état natif, empêtrée dans ses tâtonnements, ses repentirs et ses fulgurances sont l’une des meilleures preuves des écarts qui distinguent l’aventure effective de l’invention et la doctrine scientiste du Roman expérimental.

L’entreprise numérique autour de laquelle se construit ce colloque réside dans l’encodage et la mise en ligne des Ébauches des Rougon-Macquart. L’établissement d’un tel corpus résulte d’un souci de cohérence et fait signe vers la possibilité de naviguer aisément au travers de la masse avant-textuelle propre à l’œuvre zolienne. Il en va d’une approche sélective, mais significative, destinée à éclairer des processus et des schèmes récurrents. Bien évidemment, on ne saurait se priver de faire le lien avec les dossiers préparatoires dans leur intégralité, cela dans un va-et-vient méthodologique fécond, où les changements d’échelle contribuent à faire émerger des problématiques différentes et variées.

En effet, les Ébauches prennent la forme d’un soliloque volontariste à la première personne. Chacune est un objet sémiotique complexe qui brouille les types textuels ou rhétoriques et se construit au moyen d’un hétéroclisme de matériaux verbaux : images, injonctions, auto-consignes, bribes de dialogues, ratures et biffures (Almuth Grésillon). Ce soliloque est aussi innervé par un réseau de références intertextuelles, explicites ou virtuelles, qui tracent les contours d’un « cadre énonciatif » (Philippe Hamon), à partir duquel s’enchaînent des « cohérences superposées » (Daniel Ferrer), des « approches successives » (Jacques Neefs). Les noyaux scénaristiques sont perpétuellement évalués par un lexique exprimant la réticence, la négation, la modulation, l’inversion, l’infléchissement, complexifiant aussi la « double locution génétique » (Jean-Louis Lebrave) en une série d’instances pluri-décisionnelles, démultipliées par l’échelle cyclique des Rougon-Macquart.

Plusieurs propositions méthodologiques ont été formulées depuis qu’Henri Mitterand, lors du colloque Zola. Genèse de l’œuvre, en 1999, a ouvert le domaine de la « génétique du scénarique ». En effet, les dynamiques de l’Ébauche rendent peu pertinentes des approches locales de l’écriture, dans la mesure où la construction scénaristique s’élabore au fil de blocs textuels aux contours flous. Intrigues, personnages, drames, rythmes réclament donc un changement d’échelle « macrogénétique », afin de prendre en charge l’analyse des avant-textes d’une série romanesque, depuis les dossiers préparatoires planificateurs jusqu’à l’orchestration symphonique et l’expression stylistique au stade final des variantes.

Centré sur les manuscrits dans la perspective généticienne, ce colloque se donne aussi des horizons pluridisciplinaires : la sociologie de l’écrivain, abordé dans son environnement de travail et ses relations aux champs littéraires et médiatiques de son temps (Alain Pagès), l’ouverture de la génétique scénarique sur les arts (Pierre-Marc De Biasi), en particulier les arts du son et de l’image (Alain Boillat)

Ce colloque croisera plusieurs perspectives :

  • L’histoire de la réception des écrits de travail de Zola depuis la fin du XIXe siècle.
  • l’étude des avant-textes et avant-images, de l’Ébauche aux placards corrigés, de la génétique du brouillon à celle de l’imprimé.
  • Les propositions d’une génétique culturelle médiatique étudiant les adaptations des romans zoliens au théâtre et sur la scène lyrique, autant que les liens de la genèse de l’œuvre et de la presse.

La transmission, en direction des publics, des travaux de la génétique, notamment l’expérimentation d’ateliers d’écriture impliquant les humanités numériques.

Comité scientifique

Julie André (École Polytechnique), Aurélie Barjonet (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), Noëlle Benhamou (Université de Picardie), Cristelle Cavalla (Sorbonne Nouvelle), Céline Grenaud-Tostain (Université d’Evry), Alain Pagès (Université Sorbonne Nouvelle), Jean-Marc Quaranta (Université d’Aix-Marseille), Rudolf Mahrer (Université de Lausanne), Clive Thomson (Université de Guelph), Corinne Weber (Université Sorbonne Nouvelle).

Avec les soutiens de l’ITEM-CNRS, de l’EUR Translitterae (ENS) et du DILTEC (Sorbonne Nouvelle-Paris-3)

Programme

Jeudi 18 novembre

Matin

9h00 | Accueil

9h15-9h30 | Ouverture : Olivier Lumbroso, Jean-Sébastien Macke et Jean-Michel Pottier

9h30-10h15 | Conférence inaugurale : Alain Boillat (université de Lausanne)
L’apport de la critique génétique à l’étude des scénarios de films (et vice-versa) : extensions notionnelles, spécificités de l’écriture cinématographique, ouverture interdisciplinaire (gender studies)

SESSION 1. Pourquoi relire les manuscrits scénaristiques de Zola ?
Présidence |
Philippe Hamon

10h20-10h40 | Jean-Michel Pottier (université de Reims-Champagne Ardenne) :
Les Ébauches zoliennes : un nouvel objet de lecture

10h40-11h00 | Marion Glaumaud-Carbonnier (université de Cambridge) :
Dans l’idée de l’écrivain : Zola à part soi

11h00-11h20 | Discussion

11h20-11h30 | Pause

SESSION 2. Lecture et scénarisation du roman

11h30-11h50 | Aurélien Lorig (université de Lorraine-Metz) :
La bibliothèque virtuelle des Ébauches

11h50-12h20 | Marie-Ange Fougère & Geneviève de Viveiros (université Western Ontario) :
Le lecteur dans les Ebauches : portrait en contre-jour

12h20-12h40 | Discussion

12h40-14h00 | Repas

Après-midi

SESSION 3. Logiques de l’action
Présidence |
Céline Grenaud-Tostain

14h00-14h20 | Hans Färnlöf (université de Stockholm) :
« Seulement, j’ai besoin d’un drame. » – remarques sur la mise en intrigue dans les Ébauches de Zola

14h20-14h40 | Michael Rosenfeld (université libre de Bruxelles) :
Fausses pistes et scénarios ratés dans Les Rougon-Macquart

14h40-15h00 | Discussion

SESSION 4. Les mises à « L’épreuve » de l’écriture
Présidence |
Alain Pagès

15h00-15h20 | Hortense Delair (université Sorbonne Nouvelle) :
Le scénario en derniers lieux : de l’ébauche à l’épreuve typographique

15h20-15h30 | Pause

15h30-15h50 | Myriam Kohnen (université du Luxembourg) :
Rhétorique de la dramatisation dans les scénarios

15h50-16h10 | Nick White (université de Cambridge) :
A l’épreuve de la réception. Zola, entre genèse et presse

16h10-16h30 | Elise Cantiran (ITEM-CNRS) :
Plans et brouillons de L’Argent de Zola et de The Pit de Frank Norris : analyses croisées
 

16h30-17h00 | Discussion

Vendredi 19 novembre 2021

Matin

SESSION 1. Scénariser le roman : contraintes et libertés
Présidence |
Daniel Ferrer

9h30-9h50 | Accueil

09h50-10h10 | Sándor Kálai (Université de Debrecen)
Les chronotopes dans les avant-textes de Zola

10h10-10h30 | Olivier Lumbroso (université Sorbonne Nouvelle) :Scénario et système cyclique dans les Ébauches

10h30-10h50 | Discussion

10h50-11h00 | Pause

SESSION 2. Scénographies/cartographies de la création

11h00-11h20 | Émilie Piton-Foucault (université Rennes-2) :
Traces et tracés dans les Ébauches

11h20-11h40 | Alain Pagès (université Sorbonne Nouvelle) :
Le cabinet d’études du romancier

11h40-12h10 | Jean-Sébastien Macke (ITEM-CNRS) :
De l’Ébauche du Rêve aux scénarios de ses adaptations à l’opéra et au cinéma

12h10-12h30 | Discussion

12h30-14h00 | Repas

Après-midi

SESSION 3. La transmission du travail de l’écrivain
Présidence |
Jean-Michel Pottier

14h00-14h10 | Jean-Sébastien Macke (ITEM-CNRS)
Les Ébauches de Zola à l’ère de la TEI

14h10-14h30 | Céline Grenaud-Tostain (université d’Evry) :
Les scénarios numériques zoliens à l’épreuve de la génétique textuelle

14h30-14h50 | Célia Vieira (institut universitaire de Maia) :
La textométrie au service de l’interprétation des ébauches : logiciels, méthodes et résultats

14h50-15h00 | Discussion

15h00-15h10 | Pause

SESSION 4. Écrire avec/sur le scénario en classe de FLE
Présidence
| Olivier Lumbroso

15h15-15h35 | Isabelle Schaffner (École Polytechnique), Usages didactiques et culturels des Ébauches zoliennes pour des étudiants internationaux

15h40-16h00 | Donatienne Woerly (Université Sorbonne Nouvelle, DILTEC)
Réception du scénario en classe de FLE

16h00-16h15 | Discussion

16h15-17h00 | Conférence de clôture : Colette Becker (université de Nanterre)
L’élan de l’écriture

17h00-17h15 | Mot de conclusion

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