Maria SOROKINA
Maria Sorokina (docteur, Université Paris-Est, 2017) est une historienne des sciences médiévales ; elle travaille en particulier sur le problème des rapports entre science et foi. Parmi ses publications, citons Les Sphères, les astres et les théologiens. L’influence céleste entre science et foi dans les commentaires des Sentences (Brepols, 2021) issu de sa thèse de doctorat. Ce livre est la première reconstitution de la théorie de l’influence céleste d’après les sources théologiques. Parmi d’autres centres d’intérêts de Maria figure l’ontologie du nombre ou, plus précisément, le problème de son existence extramentale ou purement mentale. Depuis la soutenance de sa thèse de doctorat, Maria a travaillé comme chercheuse au sein de plusieurs institutions ou projets collectifs : Ptolemaeus Arabus et Latinus (Wurtzbourg/Munich, 2018) ; Katholieke Universiteit Leuven (2018-2020) ; Translitterae (2020-2021) et, dernièrement, LabEx Hastec (2021-2022).
Projet : L’objectif de mon projet postdoctoral consistait à explorer des interactions de la théologie et la science : des relations complexes et fort intenses, mais aussi fructueuses au Moyen Âge. Parmi les textes médiévaux où le croisement des contextes théologique et scientifique est très visible, figurent les commentaires des Sentences : rédigés par les théologiens, ces écrits contiennent néanmoins de nombreuses questions relevant de la philosophie de la nature. En continuité avec mes recherches postérieures, je me suis concentrée sur quelques discussions cosmologiques où les théologiens doivent à la fois convoquer leurs connaissances scientifiques et respecter les dogmes de la foi. L’une de ces discussions porte sur la lumière du premier jour : créée, selon la Bible, avant les luminaires et existant durant trois jours sans aucune source, cette lumière est difficilement compatible avec la science de l’époque. L’autre discussion concerne le lieu du Paradis terrestre : comme celui-ci doit être à la fois très plaisant et parfaitement inaccessible, sa localisation devient une véritable casse-tête pour les commentateurs. En somme, avec ces exemples précis, ainsi qu’avec d’autres, il s’agit d’essayer de comprendre l’innovation de la science médiévale. Pour intégrer les phénomènes hors du commun au sein de la science médiévale, les commentateurs réfutent ou encore plus souvent reinterprètent les postulats de cette dernière. Or la science aristotélicienne serait-elle encore reconnaissable après tous ces remaniements ?