PIHI – 比翼鸟
Oiseaux sans aile(s)
Roland BEHAR (ENS Paris), Nathalie KOBLE (ENS Paris), Patricia LAVELLE (PUC-Rio)
De Chine sont venus les pihis longs et souples
Qui n’ont qu’une seule aile et qui volent par couples
(Apollinaire, Zone)
« Voler par couples » : formule possible de la poésie en traduction, portée par le mouvement et la pluralité. Le Pihi (比翼鸟), oiseau légendaire qu’Apollinaire a importé de Chine pour l’insérer dans sa propre poésie, est également le parfait symbole de la traduction comme invention. C’est l’animal emblématique que nous nous sommes choisi pour ce dossier d’anthologies consacré aux dynamiques de transfert propres à la poésie.
Dans un printemps sans lectures publiques, l’oiseau sans aile nous est aussi apparu comme une image opportune pour inaugurer ce dossier, en contexte de pandémie : il peut prendre à rebours le motif poétique de l’oiseau comme figure du chant et de l’envol, et laisser entendre des voix alternatives : oiseaux bas, chants aux envols difficiles, figures de résistance du quotidien, ou de protestation. Nous avons sollicité, autour de ce motif élargi, des traductions de poètes d’une quinzaine de langues, de poétiques et d’époques diverses, pour susciter une conversation à distance, des résonances imprévues.
Il s’agissait d’ouvrir, en contrepoint et malgré tout, des fenêtres accueillantes à différents mouvements esthétiques, comme le furent en leur temps celles d’Apollinaire, au prisme des expériences picturales de Robert et Sonia Delaunay.
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Quand chantent les aras dans les forêts natales
Abatis de pihis
Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile
(Apollinaire, Fenêtres)
Nous remercions ici chaleureusement tous les contributeurs et toutes les contributrices en espérant que cette anthologie virtuelle au seuil de l’automne, accompagnera de nouvelles ouvertures.
王圻 — 三才圖會 13鸟兽 比翼鸟