Pierre-Marie SALLE
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Diplômé de l’École du Louvre, Pierre-Marie Sallé est docteur de l’Ecole pratique des hautes études. Il a préparé sa thèse au sein du laboratoire d’études sur les monothéismes (CNRS UMR 8584) sous la direction de Daniel-Odon Hurel (DR, LEM-CNRS) : « L’architecture et le décor des églises de la congrégation monastique de Saint-Maur : constructions, restaurations, aménagements liturgiques (1618-1790) », soutenue en 2022. Il y a étudié le traitement de l’église monastique à la période moderne, entre héritage historique et réforme religieuse.
Après son contrat doctoral à l’Institut national d’histoire de l’art, où il a participé au programme « Ontologie du christianisme médiéval en images », dirigé par Isabelle Marchesin, il a poursuivi ses recherches sur les rapports entretenus entre passé médiéval et érudition de la période moderne à l’Institut de recherche et d’histoire des textes, en participant au programme Emergence(s) « Le Paris bénédictin du XVIIe siècle, carrefour de l’Europe savante » dirigé par Jeremy Delmulle. Il prolonge ces recherches au sein de Translitteræ, en bénéficiant d’un contrat postdoctoral en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France.
Projet : Mise en valeur des matériaux originaux du Monasticon Gallicanum (1672-1710) conservés à la BnF
Le partenariat entre Translitterae et la BnF vise à mettre en valeur un fonds rare ou inédit des collections de la BnF. Pierre-Marie Sallé a proposé de travailler sur le Monasticon Gallicanum. Il s’agit d’un ouvrage mauriste qui n’a jamais été publié. Il devait présenter à la fin du XVIIe siècle l’histoire des monastères réformés par la congrégation de Saint-Maur. Une notice historique abrégée et une vue cavalière en illustration étaient prévues pour chacun des 180 établissements concernés. Avec la mort prématurée du promoteur de l’œuvre, Michel Germain (1645-1694), le projet fut abandonné. De nombreux mémoires, synthétisés dans des notices manuscrites par le mauriste, avaient déjà été réalisés, ainsi que le tirage en estampe des vues cavalières pour 145 monastères. Ces matériaux connurent alors deux destinées parallèles, les manuscrits continuant à alimenter les publications mauristes du XVIIIe siècle et celles des érudits des siècles suivants, tandis que les estampes étaient collectionnées et dispersées dans des recueils factices dès le début du siècle des Lumières. Sur la vingtaine de recueils repérés, quatre se trouvent aujourd’hui à la BnF, et permettent de reconstituer l’ensemble des vues réalisées. La redécouverte et l’acquisition en 2022 d’un très rare dessin préparatoire (3 sont connus) du Monasticon Gallicanum donne à ce projet une actualité particulière.
Les estampes originales ne sont pas numérisées. Le projet consiste alors à repérer, sélectionner et préparer la numérisation des estampes originales du Monasticon Gallicanum. En effet, ces images sont très utilisées par les chercheurs pour documenter l’état architectural des monastères entre Moyen Âge et temps modernes. La recherche doit permettre de mieux contextualiser les conditions de production de l’œuvre, pour faciliter l’emploi de ces sources. Un portail dédié sur gallica est en préparation. L’histoire de ces estampes s’inscrit dans la longue histoire du patrimoine : elles ont été continûment appréciées depuis le XVIIIe siècle, dans une perspective d’histoire religieuse, puis en tant que documentation archéologique, enfin dans le cadre de l’érudition historique de la période moderne. Afin d’élargir la compréhension de l’œuvre mauriste, une journée d’études est prévue à l’automne 2023 avec le Centre Jean Mabillon de l’École nationale des chartes.
Légende du Fragment : Frère Guillaume de la Tremblaye, « Regalis Abbatiae S[ancti] Germani a Pratis Scenographia », 1687 : vue cavalière de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, dessin préparatoire du Monasticon Gallicanum acquis en 2022 par la BnF. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE B-11 (A,13)-FT 4. Source : gallica