Etna et symbolisme volcanique dans la littérature romantique
par Pierre Musitelli (ENS, UMR 8132, Institut Universitaire de France)
Volcans et éruptions occupent une place de premier plan dans la production scientifique, littéraire et artistique du XVIIIe siècle finissant, et l’Etna n’y fait pas exception au moment où le Grand Tour prend une inflexion plus méridionale, dans le contexte d’une évolution de la sensibilité esthétique face aux puissances de la Terre.
Au tournant des Lumières et à l’époque romantique, écrivains, poètes et voyageurs européens s’emparent de l’image du volcan, lieu de rencontre de l’imaginaire mythique et du savoir scientifique. Alors que s’estompe la dimension chrétienne de l’allégorie volcanique, l’Etna sert de point de fixation à de nouvelles interprétations métaphoriques : libertine avec Sade, politique dans la tradition démocratique italienne, puis avec Percy Shelley, mais aussi métaphysique… De Prométhée à Empédocle les mythes anciens sont réactivés et retravaillés, dans une grande variété de genres et selon une large gamme de sensibilités, pour dire, avec l’Etna, les bouleversements de l’histoire contemporaine.