Cosmographies de l’Antiquité et Philologie Anthropologique : quelques observations
par Renaud Gagné (Classics, Univ. Cambridge)
La cosmographie, telle qu’elle est définie ici, est l’art de dire un monde. La philologie anthropologique qui s’en occupe est l’art de lire des mondes lentement. La pluralité enchevêtrée des mondes possibles que je me suis proposé d’étudier par le biais d’une étude de cas dans Cosmography and the Idea of Hyperborea in Ancient Greece: A Philology of Worlds (Cambridge University Press 2021) est un produit des rivalités du savoir et de ses enjeux en Grèce ancienne. Chacun de ces mondes est un tout, mais aucun de ces mondes n’est pleinement signifiant en soi et pour soi. Chacun de ces mondes s’écrit, en contraste, sur l’horizon d’attente d’une mémoire des mondes, souvent contestée, qui évolue au sein d’une archive culturelle et des compétences de publics divers. Une mémoire des mondes qui se constitue, se cristallise et se transforme au cours de son évolution historique. L’étude, distinctive, de la cosmographie des mondes distants et fragmentaires de l’Antiquité requiert une démarche méthodologique distinctive pour comprendre et suivre ces transformations. Suite à quelques observations sur la genèse et la nature de la démarche que j’ai adoptée, je m’attacherai à discuter quelques pistes développées depuis la publication de ce livre et certains défis.